Les Cartes Postales à Systèmes

La désignation « carte postale à système » est un terme générique pour désigner des cartes postales qui ne sont pas simplement la représentation d’un lieu, d’une action, d’un événement. Leur message n’est pas vu, lu, immédiatement. Il faut lever un volet ou faire tourner une molette pour découvrir une bande d’images.

Dans cette famille de cartes postales, les systèmes sont diversifiés : cartes à disques, à trous, à tirettes, à mouvement, à volets, à dépliant. La carte système à dépliant est celle où, en regardant le feuillet initialement plié en accordéon, derrière une fenêtre, on découvre une dizaine de photos. C’est à cette méthode de carte postale que je consacre mon propos.

La fabrication de la carte système est plus complexe, plus délicate que la carte postale simple. La littérature, les publications sur l’historique de ces cartes, ne sont pas courantes, pour ne pas dire inexistantes. La créativité dans la carte à système a évolué, progressé, dans la conception, sa réalisation, pendant la soixantaine d’années où elle fut imprimée. L’originalité, l’objectif de la carte dépliant est de faire vivre, de vanter et faire mémoire, en plusieurs images, d’un lieu, d’une ville, d’un monument.

Les cartes systèmes sont un thème pour les collectionneurs. Pour d’autres, elles n’ont pas d’intérêt car elles ne représentent pas une iconographie spécifique à un lieu, à la lecture d’un message direct. En matière de collection, tous les goûts sont dans la nature.

La carte système dépliante est née au début du XXème siècle, pendant l’âge d’or de la Carte Postale.





Dans le temps, nous pouvons décrire quatre évolutions de la carte système à dépliant :

Les premières cartes sont classiques. Le dessin représente souvent un facteur ou une jeune femme. Les personnages portent un accessoire, sacoche, livre ou mallette, en relief, cartonné, fermé à l’aide d’une languette en carton, collé sur l’image de la carte.  L’idée est simple, la carte système à dépliant est née.   

A l’intérieur, est pliée une bande de papier où l’on découvre une dizaine de photographies au format 20 x 13 mm,  représentant différents monuments ou vues de la ville mentionnée sur la carte. La légende est simple : Souvenir    de ….    Nouvelles de …..      suivie du nom de la ville. Certains éditeurs font évoluer la fermeture en remplaçant la languette en papier par une languette en laiton qui à force d’avoir été ouverte et fermée, est souvent cassée.

           


    

Dans les années 1920, on constate plusieurs évolutions :

·        le support verso de la carte est en carton.

·         L’imprimé du recto est réalisé sur une feuille de papier, collée sur le verso.

·        L’écriture imprimée représente une calligraphie manuelle. La légende devient plus importante.

·        Le dessin devient plus travaillé, explicite.

·         Dans le dessin, une trappe, découpée sur trois côtés, fait son apparition. L’ouverture de cette fenêtre fait découvrir la bande de papier collé à l’intérieur du verso où se trouvent les photos, souvent au nombre de dix, mais le format des photos est plus grand que précédemment 35 x 26 mm.

·        La fermeture de la languette s’effectue par une agrafe en laiton qui tourne sur son axe, appelée attache parisienne.


 








Dans les années 1930, nouvelles évolutions. La carte, dans son ensemble, devient plus épaisse. Le recto est sur un support dorénavant cartonné et la fermeture de la fenêtre permettant la vision des photos est une languette métallique, à œillet, rivé à la carte. Les photos peuvent être en noir et blanc, en sépia, ou en couleur bleue. Le texte donne la consigne : soulever le volet pour apercevoir « les plus belles vues de … », le petit dépliant, constitué de mini vues. Parfois, les photos que l’on trouve à l’intérieur sont légendées.


Dans les années 1940, plusieurs éditeurs publient des cartes à système dépliant, avec une véritable photo de la ville concernée, à la place du dessin, avec toujours dans la trappe, la bande avec des photos. D’autres éditeurs, sans agrandir le format de la carte qui reste en 150 x 90 mm, font apparaître derrière l’image de la Ville, une série de six photos en 100 x 50 mm, ou bien, dans un porte-monnaie, par exemple, sont dissimulées huit photos de    65 x 45 mm.

 

Les dessins sont souvent anonymes avec un texte à double sens. Les éditeurs réalisent des cartes prototypes. On trouve pour beaucoup de villes, la même illustration où il ne reste qu’à inscrire uniquement le nom de la ville et à y insérer le dépliant photos, correspondant à    celle-ci, à l’intérieur de la fenêtre.







Plusieurs villes utilisent aussi la carte système à roulette pour leur image, pour se faire connaître : les photos collées sur un disque apparaissent dans un cadre. La découpe des fenêtres dans le dessin n’est pas toujours rectangulaire, mais prend des formes adaptées pour se fondre dans le dessin.

 

Les illustrateurs investissent le monde de la carte système dépliante. Des illustrateurs réalisent des séries de dessins qui seront utilisés pour imager les cartes système dépliantes. Il est possible de citer BOZZ – CLEM – DECOUPRIS – CYL – BRIAN – POITVIN –      Germaine BOURET - et bien d’autres.

 

 

Les éditeurs que nous connaissons dans notre région, ne sont pas en reste par rapport aux éditeurs parisiens, tels G.ARTAUD – DELAVEAU – J.NOZAIS – MD – CAP – etc. Ils ont beaucoup publié de cartes à système à dépliant pour la France et aussi l’étranger.






Dans les années 1950, la carte système dépliante est toujours utilisée pour transmettre des messages ou des souvenirs de vacances.

 

Dans les années 1970, en dehors des fins de stocks, il est difficile de s’en procurer dans les commerces, car elles ne sont plus confectionnées.

 

Aujourd’hui, en 2010, nous les trouvons dans les brocantes, chez les marchands de cartes ou sur internet. Il est rare de les trouver à moins de 10 €uros. La fourchette se situe plus entre 15 et 20 €uros. Il n’est pas impossible que certaines soient à un prix beaucoup plus élevé. En fonction de l’offre et de la demande, les prix peuvent s’envoler. Ce n’est jamais assez cher pour celui qui vend, mais toujours trop pour le collectionneur qui achète. C’est la poule aux œufs d’or ! Cela durera combien de temps ?



N’hésitez pas à me communiquer vos réactions, au regard de cet essai à propos de  la carte système dépliante. D’avance merci.

cartes.systemes@free.fr